Les Tisserins du jardin

Reportage vidéo à la fin de l'article


Le Sénégal est un paradis pour les oiseaux. On peut en observer de nombreuses sortes très colorées en milieu rural où la nature jouit encore pleinement de ses droits. En ville, comme ici à Dakar, il reste encore quelques endroits protégés où des oiseaux phares d’Afrique de l’Ouest continuent de gazouiller dans les derniers jardins de la ville, malheureusement de plus en plus bétonnée. Il suffit pourtant de quelques arbres pour que des oiseaux magnifiques s’y invitent… Pour le plus grand plaisir des yeux et des oreilles. Une chance donc d’avoir un jardin en cette période de confinement… 


Poussée par l’envie de les observer d’encore plus près, l’idée d’aménager un petit paradis en plusieurs étages, avec des coins d’eau et de verdure, a doucement fait son chemin. Sur deux tables au milieu du jardin, j’ai installé une mangeoire géante métamorphosée en petit Jardin Extraordinaire. Conseillée et mise au défi par mon voisin belge, j’ai utilisé de belles grandes pierres dont j’ai rempli les petits trous de grains de Mil, céréale millénaire qui représente plus de 30% de la production céréalière globale en Afrique, principalement dans les pays du Sahel. Les champs de mil sont souvent dévastés par les oiseaux en période de récolte. Ils en sont donc très friands...

En deux temps trois mouvements, un cortège d’oiseaux granivores débarquent sur les pierres remplies de leur céréale préférée. C’est parti pour le buffet à volonté. Les premiers à pointer le bout de leur bec sont les Amarantes, une espèce douce et confiante, évoluant en petit groupe, souvent avec d'autres espèces.

Mais c'est surtout le tisserin gendarme, un passereau très proche parent du moineau, qui a retenu mon attention.

Le tisserin est un oiseau grégaire : il vit en colonie et cherche sa nourriture en groupe. De son corps jaune vif ressort une tête noire telle un képi de gendarme ainsi qu'un oeil rouge qui rendent l'oiseau imposant au sein du groupe avec lequel il évolue.

Quand le gendarme arrive, les autres oiseaux le laissent prendre une place centrale au sein du groupe. Son comportement social très varié suscite l’attention dès que l’oiseau se pose. Mais ce qui fait avant tout la particularité du tisserin, c’est son aptitude à tisser des nids de l’ordre de l’œuvre d’art ! 

Très agile avec son bec et ses pattes, le tisserin, tel un équilibriste sur son arbre perché, est capable de tisser une douzaine de noeuds différents pour réaliser son nid. Les nids de tisserin, de forme sphériques, sont réalisés avec des longs morceaux de feuilles de palmiers ou d’autres végétaux, et suspendus au bout d’une branche dégagée, pour permettre une bonne visibilité.



Les colonies de tisserins sont  très actives et bruyantes. Impossible de passer à côté d’un arbre où nichent ces oiseaux jaunes sans lever les yeux vers ce vacarme. 

A l’approche de la saison des pluies, les tisserins mâles rythment leur journée d’épisodes de construction et de parade. Pour préparer les nids, ils font des allers et retours durant toute la journée pour se fournir en matériel de tissage. Friands de bagarre, ils n’hésitent pas à piquer l’une ou l’autre herbe intéressante dans le nid de leurs voisins ! Les femelles, quant à elles, restent calmement à la maison pour faire du nid un Home Sweet Home. Au total, au cours d'une saison, un tisserin mâle peut construire jusqu'à une vingtaine de nids ! Quant à l'arbre dans lequel s'établit une colonie, il peut compter jusqu'à 200 tisserins, la plupart du temps, beaucoup plus de femelles que de mâles. Un vrai royaume de la polygamie !



Et oui, le tisserin, s’il tisse superbement des nids très architecturaux, tisse aussi de multiples liens conjugaux… 


REPORTAGE VIDEO #MonJardinExtraordinaire

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